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Fonds de Tiroirs et petits carnets
31 décembre 2009

Cocotte en papiers

Allez, on commence l'année par une belle phrase. Les vacances c'est le moment idéal pour relire les livres que l'on a aimé. J'ai donc souligné au crayon de papier cette phrase de Daniel Pennac.

" Je vais prouver à Dieu l'existence de L'Homme"

 

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J'ai en ce moment une boulimie de DVD. J'en achete des caisses. Tres peu de films, quelques séries télés mais surtout beaucoup de documentaires. J'ai une vraie passion pour les films documentaires.

Il y a 2 écoles que j'aime beaucoup : La série Belge Striptease et le travail de Raymond Depardon.

2 styles qui ont un point commun essentiel : aucun commentaires : la caméra se fait oublier, tourne pendant des heures, des jours, des semaines. Et c'est au final le montage qui rend le tout coherent. j'adorerais arriver à ça en radio, je suis encore tres loin d'avoir le niveau.

Il y a quelques semaines j'ai achété " Numéros Zéros", un doc de Depardon sur la naissance d'un journal : Le Matin de Paris. Je n'ai appuyé sur lecture que ce matin.

Le film date de 1977 : on se promène dans les locaux d'une vraie rédaction. Les redacteurs en chef adjoint ont des bretelles, le service photo existe encore, et on s'interroge sur " la ligne éditoriale"

C'etait une époque où l'on pouvait encore s'écharper pendant des heures sur quelques mots d'un article. Oui, une époque où les chefs lisaient encore vraiment les papiers AVANT leur publication.

Une rédaction sans internet où les journalistes devaient vraiment aller chercher leurs informations.

Une époque où les journaux se vendaient et où une vraie concurrence existait.

En 1977 lancer un journal était déja une entreprise risquée. ( Le Matin de Paris n'existe d'ailleurs plus) Aujourd'hui ce serait un suicide.

 

Je reve pourtant encore de me lancer dans une telle aventure. Les seuls " journaux" dont j'ai pu participé à la création étaient des petits fanzines potaches qui finissaient leur carrière derrière les robinets des toilettes de l'Université.

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T-shirt collector du Pingouin Déjanté, revue éphémère crée en école de journalisme avec amis Nathalie et Régis.

La presse écrite restera malgré tout mon premier amour. Je suis entré en école de journalisme pour devenir " Le mec qui fait les portraits en quatrième de couv' de Libé". Mon amour pour la radio est arrivé plus tard.

Moi c'est le papier qui me faisait bander. je suis toujours vachement plus fier de voir mon nom imprimé en caractere gras que annoncé dans le transistor. Pourtant mes expériences en presse écrite ne m'ont pas fasciné.

J'ai été stagiaire un été pour la rédaction locale du quotidien local. Je dependais de l'agence de Groscouillon sur Saone où tout le monde était partie en vacances. Au bout de deux jours on m'a confié la Une du cahier local. Un article que j'ai tapé tard dans la soirée, dans une rédaction deserte, et qui est directement parti à l'impression. Personne n'a relu mon papier, personne n'a jété un oeil à mes photos prises avec un mauvais appareil de nuit et à l'aide d'un mauvais flash. J' étais " journaliste" depuis deux jours et personne n'a surveillé mon travail.

et donc le lendemain matin, j'ai trouvé mon article en kiosque, l'encre de mes mauvaises photos bavait un peu mais mon nom était inscrit au dessous en caracteres gras. C'est en me relisant devant un café que j'ai découvert mes fautes d'orthographes.

Cet été là j'ai "couvert" des départs en retraite de presidents d'association, des animations dans les maisons de retraite ou les ceremonies du 14 juillet. aucun retour sur mon travail on me demandait juste de " remplir" les pages du canard, si possible en évitant les fautes d'orthographes.

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Reporters l'excellente série de Canal + sur le monde du journalisme ( Télé, et presse écrite)

Dans le doc de Depardon on voit encore des SR. Des sécretaires de rédactions, journalistes dont le travail est de relire, corriger et mettre en page tous les articles paraissant dans le canard. Aujourd'hui ce métier n'existe presque plus.

A l'agence de Groscouillon sur Saone c'est parfois la même personne qui écrit et corrige l'article...

J'ai aussi travaillé comme pigiste pendant de nombreux mois pour un hebdomaire Bobo/info/branchouille de Lyon. La pire experience de ma carrière. Ils étaient pourtant tres content de moi. meme qu'ils m'ont demandé d'interrompre mes études pour integrer leur rédaction.

J'avais refusé et suis parti en courant.

Dans un hebdo tout se décidé lors de la " conference de redaction" hebdomadaire. Tous les journalistes sont réunis autour du rédac chef. Avec lui on compose le menu. C'est à ce moment que tout se joue. Et comme dans cet hebdo les 3/4 de la rédaction était rémunéré à la pige, chacun tentait d'imposer un article le plus long possible sur n'importe quel sujet. ( A l'époque le feuillet de 1500 signes était payé 23 euros, il fallait en pisser de la copie pour payer son loyer)

Le but du jeu n'était pas de proposer un sujet pertinent. Non, il fallait juste convaincre le rédac chef et son adjoint ( ce qui revenait à peu pres au même puisque les deux couchaient ensemble). Pour voir son idée de papier validée il fallait faire rire le patron. Si votre sketch était réussi vous pouviez partir en reportage le jour même.

Sauf si les petits collègues faché de ne pas avoir obtenus assez de pages ne décidaient pas de démolir votre sujet " Mais on l'a déja fait, y a un an !" " Pfff c'est super populo on dirait du Pernaut" " Mais ça interesse pas les gens ça"

Au final l'hebdomadaire dans les kiosques était un assemblage d'égos qui s'écoutaient écrire et tiraient à la ligne pour gonfler leur fiche de paye.

C'était ma deuxième et dernière expérience en Presse écrite. Depuis je fais de la radio.

 

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Studio radio de mon école de journalisme. En dernière année nous les " spés radio" nous ne le sommes approprié. j'ai vécu plusieurs mois dans cette pièce.


Pourtant je lis toujours chaque matin les portraits de Libé avec un grand plaisir. C'est aussi avec une grande joie que je dévore chaque trimestre les longs reportages de XXI. J'ai même recemment envoyer à un redac chef une CV qu'il m'a renvoyé aussi sec.

Je caresse toujours le reve de monter un jour un journal avec les copains. Comme un idiot je crois toujours au papier. au dessus de mon bureau sont punaisés de nombreuses coupures de Presse.

Je me vois bien avec mes camarades, Laura, Nath.P , Régis, Marion, Ageneau ou Audrey. S monter un petit canard.

Dans ce journal on n'aurait pas peur d'écrire de longs papiers, on prendrait de vrais distances avec l'actualité. On passera des heures à s'engueuler sur l'angle à adopter. Il y aura des photos et des dessins. De l'insolite, du loufoque. On sera tous des grands reporters en petites choses.

On passera des nuits au dessus d'une tasse de café pour rendre tout cela vivant. Chaque texte passera sous le regard critique de toute l'équipe. 

Les soirs de bouclage seront des moments de tension, de stress et de création. la nuit finira dans une grande fete ensommeillée.

On ne gagnera pas grand chose, mais on fera un beau journal. Ce genre de canard que les lecteurs ne veulent pas jeter, et dont chaque numéro sera stockée pres des bédés.

Les copains ? On le fait quand ce journal ? 

Promis si un jour j'ai du pognon je mettrai tout là dedans... On portera des bretelles, on s'appellera " Coco" et on sera enfin des "vrais" journalistes... Ceux qui racontent des histoires.

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La salle de rédaction " presse écrite" de l'école. A droite Christian Redon, un vrai journaliste à bretelles.

 

ADENDUM : je voulais illustrer cette note par un petit dessin, mais je suis incapable de retrouver mon carnet... Mille pardons.

A la place je me permets donc de vous conseiller une belle émission de radio que j'ai découvert ce w-e. C'est evidemment sur France Inter, ça s'appelle " ça peut pas faire de mal" et c'est presenté par le comédien Guillaume Gallienne. Il s'agit de lectures de textes autour d'un thème. C'est à la fois érudit et accessible

j'écoute le podcast en rédigeant cette note.

L'émission est diffusée le samedi à 18h10 sur France Inter.

 

B.

 

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Commentaires
M
hum pour la politique je prefere recruter christophe Ravi
L
Mais, je porte déjà des bretelles môa, avec mon jean over-tendance-hype!<br /> Et pour Christian Redon, c'est pas plutôt un journaliste à vraies bretelles qu'un vrai journaliste à bretelles? Ouh! La meuchante!<br /> Bref, pour ton canard faut qu'on se voie. Mais je suis partante, chef du service mag" ça me va. N'oublies pas qu'on doit aussi prendre Sylvia S-D pour la rubrique politique!
F
essaie un jour d'écouter France Cul. Tiens les journaux par exemple. Ou la "Fabrique de l'Histoire" le matin à 9h. Tu trouveras Inter fade et affreusement racoleuse... <br /> Pour le reste, quand j'étais lycéen, j'ai participé à la rédac de "Holidays" qui s'est ensuite transformé en "Cupidon Times". On bouclait avec du café merdique et on passait voir le proviseur avec les feuilles les plus "propres". Epoque bénie où avec ce titre, on avait tous des accréditations "Presse" pour le festival BD de Goulême ! On allait partout, les portes s'ouvraient. Ca a fait des vocations.
L
Ben quand tu veux ;-)
S
Merci pour le sourire, ça donne envie de toujours y croire et surtout, surtout ne pas tomber dans le moule. Comme on dirait au Mangin Palace: Surtout ne lachez rien et j'ajouterai XXI vaincra ;-)
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