Petit reporter en Australie, épisode 2
Les petits reporters et la grande démerde
Pour l'Australie, j'avais glissé dans mon sac deux livres : Notamment" AFP, les soldats de l'information". Une gigantesque enquete de Jacques Thomet sur les journalistes de l'Agence France Presse. Ils y racontent leurs quotidiens d'agenciers, leurs petites victoires, leurs grandes difficultés. Je retiens une seule information de ce livre : La Culture de la démerde. Peu importe comment tu t'y prends tu dois ramener ton info.
Ce qui nous conduit à la question du jour : Comment joue t'on au journaliste aux JMJ De Sydney ?
Là bas on m'a demandé de faire ce que je prefere : du reportage. Du sujet terrain avec enormement de son d'ambiance. Un long travail de petit reporter pour 3 courtes minutes à l'antenne.
Sur Mon badge d'accreditation il était ecrit " Radio Reporter". Dans l'equipe JMJ nous étions 4 à xcercer cette fonction et , tres vite, nous nous sommes rendus compte que le badge en question ne nous donnait acces à rien. Quel que soit l'endroit où nous nous rendions, notre badge n'etait jamais celui qu'il fallait. Il a donc fallu ruser, jouer des coudes pour ramener au centre de presse les reportages que l'on nous avait demandé.
L'un de mes premiers reportages concernait Barangaroo, les docks de Sydney où devaient se tenir la messe d'accueil et la ceremonie d'arrivée du Pape. Mon sujet etait un simple reportage de presentation du site. On me demandait de " prendre la temperature". Seulement voila, lorsque je me suis rendu sur le site, j'ai été arreté par de grandes barrières et plusieurs agents de securité . " On ne Passe Pas !". Barangaroo ne serait pas ouvert au public avant deux jours. Il me fallait pourtant revenir avec qqch... J'ai donc trouvé un buisson me permettant de penetrer à l'intérieur. Je me faufile. Je jette un oeil, j'enrgistre un peu de son... C'est là que surgissent deux gorilles australiens. Sans un mot ils m'ont attrapé par le col et jeté dehors.
Autre jour, autre sujet : " Comment les habitants de Sydney vivent ils les JMJ ?". Il s'agissait de savoir s'ils étaient agacés par toutes les perturbations generées par l'evenement ( routes coupées, tres forte presence policière, 250 000 Djeun'z bruyants lachés dans la ville...). Pour enqueter, j'avais eu l'idée de partir à la rencontre des habitants du quartier le plus concerné par les JMJ : Celui qui surmontait le site d'arrivée du Pape. Problème, il s'agissait d'un coin plutot chicos. Dur de rencontrer du monde. J'y suis donc allé au culot, j'ai sonné à toutes les portes, la Police me regardait faire d'un oeil méfiant. Une dame a finalement accepté de me laisser entrer. Elle voyait tout de chez elle. par sa fenetre on voyait le pape. J'aurais pu etre un terroriste sniper...
Anecdote proche de la première : L'hippodrome de Randwick. Comme Barangaroo je devais prendre la temperature du lieu. Ici les pelerins des JMJ allaient camper toute une nuit et assister à la messe de cloture en compagnie de Benoit XVI. Là aussi difficile d'entrer. D'apres les volontaires postés aux entrées mon badge ne me permettait pas de jeter sur le site le plus petit des coups d'oeil. Apres de longues negociations, mon interlocuteur n'a pas changé de position. Je ne passerai pas. Je m'eloigne alors depité. Et je me rends compte alorsqu'il chercher à se procurer des cigarettes aupres de ses collegues. aucun ne fume... Mais, " Moi je fume !". je retourne alors vers lui. Lui offre deux clopes. Il est content. Il me demande mon passeport. Me le confisque et m'offre en échange un " Day Pass" : Un badge me permettant de passer la journée à Randwick. Bien suffisant pour mon sujet. Le Backchich fonctionne partout.
Dernière petite histoire de demerde australienne : Celle d' Audrey Souriau ( Camarade de promo journalisme avant d'etre collegue dans la grande famille RCF ). Elle devait réaliser un reporte sur le " Chemin de Croix" : Chaque étape de la passion du Christ était mis en scène de façon tres Hollywoodienne un peu partout dans la ville... Petit soucis, lors de la première étape, celle de la Cène, le Pape était présent. Le petit badge D'Audrey ne lui suffisait donc pas pour entrer dans la Cathédrale. On n'approche pas le pape aussi facilement. Mais Audrey devait ramener son sujet, il était programmé pour être diffusé le soir même. Apres avoir essuyé plusieurs refus, elle se glisse dans le sillage d'une des caméras officielles des JMJ. Elle se colle au journaliste et à ses badges. Grace à cette ruse elle parvient à se rendre jusqu'a l'ultime point de controle. Mais cette fois, qqn remarque qu'elle n'a rien à faire là. Tres pro, Audrey ne s'est pas demontée et à vociferé cette phrase fascinante " Are You kidding ?! I'm with the Pope ! " [ Mais vous plaisantez ?! je suis avec le Pape ! ]. C'est tellement gros que ça a marché. Audrey a pu réaliser son reportage. Elle était placé à quelques metres de Benoit XVI, juste derrière les Cardinaux. On l'a d'ailleurs tres bien vu sur SkyNews.
Ces petits histoires ne sont que quelques exemples de notre travail sur place. Generalement nous rentrions épuisé, mais aussi tres fier d'avoir réussi à " nous demerder" pour obtenir ce qu'il nous fallait.
Un soir nous avons raconté nos petites ruses à Thierry l'un de nos chefs. Audrey et moi pensions qu'il allait nous feliciter pour notre grand sens de la débrouille. Mais il a simplement dit " C'est votre boulot..."
Maintenant je comprends la frustration des journalistes de l'AFP. Ce sont eux qui réussissent à dénicher les informations les plus importantes du globe, parfois au péril de leur vie. mais personne ne les remercie. ils ne signent même pas leurs depeches. C'est leur boulot...
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